Arts et formation d’ingénieur : l’accord parfait
Chef d’orchestre, mais pas seulement. Depuis des années, ce sont les filières artistiques de l’INSA Toulouse que Laurent Grégoire dirige, filières dont il a piloté la mise en place. Des programmes aménagés qui permettent à des élèves musiciens, danseurs et comédiens confirmés, de continuer à pratiquer à l’instar de ce qui se fait pour les sportifs de haut niveau. En parallèle, il emmène aussi tous les autres étudiants qui le souhaitent à la découverte de la culture, à travers le programme INS’ART.
Laurent Grégoire n’est pas venu à l’INSA Toulouse par hasard. Quand il a été sollicité pour développer une première filière artistique pour permettre aux élèves-ingénieurs de continuer la musique en parallèle de leurs études, cette proposition répondait déjà à une interrogation que se posait celui qui était alors chef d’orchestre et professeur au Conservatoire de Musique et de Danse du Tarn. « Je constatais, à regret, que les jeunes formés depuis leur plus jeune âge à la musique, voyaient leur parcours s’interrompre dès lors qu’ils devaient se consacrer à leurs études supérieures, et qu’il n’existait que certaines filières spécialisées pour poursuivre dans cette voie », se souvient-il. L’INSA lui offrait donc l’opportunité de proposer une réponse intéressante à tous ces jeunes motivés par un double cursus scientifique et artistique.
Avant d’intégrer l’INSA Toulouse il y a 22 ans, Laurent Grégoire a eu une autre vie. Formé à la trompette dans le Cantal, au Conservatoire d’Aurillac, il s’aperçoit dès le lycée que « la musique pouvait faire partie de [s]a vie professionnelle ». Il choisit alors de venir à Toulouse, ville qui lui plaisait, avec un conservatoire bien coté, où il va suivre les classes d’écriture et d’analyse musicale et prendre son premier virage : laisser tomber la trompette pour lui préférer la direction d’orchestre, après avoir créé son propre orchestre de chambre avec une vingtaine d’étudiants, orchestre qui lui permettra de faire de belles rencontres.
Une histoire de rencontres
C’est d’ailleurs de ces rencontres, notamment celles de Marc Ursule, Stéphane Cardon, Michel Plasson ou encore Georges Prêtre, que découla le choix de suivre une formation à la direction d’orchestre à Paris, à l’École Normale de Musique Alfred Cortot. Ce choix, il ne le regrettera pas. Car être chef d’orchestre, aime-t-il dire, c’est se transformer en « metteur en scène : il ne s’agit pas juste d’agiter les bras, il faut transmettre au collectif sa propre vision de la partition ! ». Un rôle similaire à celui qu’il tiendra plus tard à l’INSA Toulouse pour diriger les filières artistiques.
« Il faut développer des compétences scientifiques et techniques, mais la culture est essentielle pour former des ingénieurs humanistes ».
D’une page blanche à 3 filières
L’entrée à l’INSA Toulouse se fait elle aussi via une rencontre. Celle d’un violoniste, professeur au département GEI (Génie électrique et informatique), Étienne Sicard, qui le « branche » sur cette idée de développer une section musique-études pour les étudiants. Il accepte donc de piloter cette idée « de A à Z ». « Nous sommes partis de presque rien, d’une page blanche, c’était très excitant », se souvient Laurent Grégoire, « car il fallait aussi faire en sorte que cette nouvelle filière soit compatible avec l’emploi du temps des élèves-ingénieurs, prendre la mesure des envies des étudiants – par exemple leur volonté de jouer ensemble avant tout, plutôt que de suivre des matières théoriques -, trouver les artistes-intervenants, des espaces pour pratiquer – les étudiants disposent d’ailleurs aujourd’hui de deux studios équipés de pianos ainsi que d’une salle dédiée aux musiques actuelles avec batterie, amplis… -, etc. »
Aujourd’hui, trois filières artistiques coexistent, musique, ouverte en 2000, danse, créée en 2010, et théâtre, la dernière-née en 2018 qui répondait « à une même logique d’ouverture aux arts du spectacle vivant ». Laurent Grégoire est également responsable depuis un an d’un autre programme, INS’ART, soutenu par la Fondation INSA Toulouse et qui s’adresse à tous les étudiants de l’école, afin de leur permettre de développer la connaissance et la pratique artistique. Son approche ne se résume pas à une programmation de spectacles. « Pas question de distribuer simplement des billets pour un spectacle », insiste le responsable des filières artistiques. « Il s’agit de donner, en amont des événements, avec les artistes, les structures partenaires et les élèves des trois filières artistiques, des clés de lecture aux étudiants les plus éloignés de la culture et de leur offrir l’opportunité de découvrir la danse, la musique, le théâtre… »
Musique-Études |
Théâtre-Études |
Danse-Études |
Quand l’art participe aussi à la construction des jeunes
Laurent Grégoire enchaîne et varie les initiatives d’une année à l’autre. Pour cette nouvelle année, il prévoit une programmation très variée, ouverte aux arts plastiques en plus du théâtre, de l’opéra, des ballets, des concerts…
Les filières et le programme INS’ART, qui constituent « un modèle exceptionnel en France, grâce à la volonté de l’école », ont un double intérêt. « Pour les étudiants qui ont suivi une formation artistique, l’idée d’une rupture avec ce qui imprègne depuis toujours leur quotidien et participe de leur bien-être est un crève-cœur. Cette continuité dans leur parcours de formation leur est essentielle. INS’ART est quant à lui une ouverture culturelle. Certes, il faut développer des compétences scientifiques et techniques, mais la culture est essentielle pour former des ingénieurs humanistes. Ce programme participe donc tout autant que les autres matières à la construction de ces jeunes ! » Et les étudiants ne sont pas les seuls à tirer des bénéfices de ces programmes : « Tous ces jeunes artistes qui composent les trois filières sont curieux, motivés et très reconnaissants. Chaque génération apporte quelque chose de nouveau, c’est un vrai cadeau de les accompagner pendant plusieurs années ! »
Des étudiants intéressés par l’art
L’an dernier, ils étaient :
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