Les INSA ont été fondés sur un modèle inclusif et d’excellence académique, accessible à toutes et à tous dans une ambition de promotion sociale. 60 ans plus tard, force est de constater que cette ambition est freinée par l’accroissement des inégalités sociales dans le système scolaire français et par un modèle économique des établissements, peu adapté aux besoins actuels, avec des moyens financiers et humains contraints. Cette ambition est également fragilisée par une attractivité et une sélectivité toujours croissantes mais excluantes de nos INSA. Cela se traduit par une tendance baissière à l’échelle du Groupe du taux de boursier.ère.s CROUS, une surreprésentation des catégories socio-professionnelles très favorisées et une sous-représentation des élèves issus de milieux défavorisés, de villes moyennes isolées et de zones rurales. La crise sanitaire actuelle, de par son impact sur l’économie, affaiblira encore dans les années à venir, l’accès aux parcours d’excellence des classes défavorisées et moyennes et précarisera davantage les élèves-ingénieurs contraints de travailler pendant leurs études.

Ce constat appelle à repenser notre responsabilité sociale. Fidèle au modèle originel, notre ambition est d’articuler excellence académique et promotion sociale pour une partie significative de chaque génération, en s’opposant à l’assignation sociale et en faisant progresser nos conditions de formation et d’études pour tous. Un élève qui en a le potentiel, doit pouvoir intégrer un INSA sans déterminant social ou géographique, et réaliser son cursus dans de bonnes conditions.

Dans le cadre d’une concertation au sein des INSA et à l’échelle du Groupe INSA, les directeurs des INSA souhaitent construire une stratégie d’actions et de moyens en s’appuyant sur les analyses portées par l’Institut Gaston Berger. Afin d’établir une meilleure équité et de s’attaquer aux causes profondes des inégalités, la mobilisation de moyens nouveaux reposera sur l’élaboration d’un modèle de solidarité à trois leviers : une solidarité entre pairs basée sur un dispositif redistributif des droits d’inscription encadrés par l’État, un mécénat de solidarité intergénérationnelle (Fondations, Alumnis) et un lobbying auprès des pouvoirs publics pour le soutien d’un modèle économique rénové et inclusif. Les premières actions de transformation de notre modèle social et d’amélioration de la qualité de notre formation pour tous devront s’affiner collectivement. Des dispositifs redistributifs d’aides financières comme des bourses complètes de vie, des actions en amont dans le secondaire, des dispositifs d’accompagnement renforcé au sein des INSA sont à construire ou à étendre. Il faudra aussi réévaluer et soutenir la capacité humaine et matérielle de nos équipes académiques à porter ce défi de la qualité pédagogique et de l’accompagnement éducatif et culturel, permettant ainsi de donner à chacun.e toutes les clés de réussite et d’insertion professionnelle.

En janvier 2021, le MESRI, dans son dialogue avec le Groupe INSA, a ouvert pour la rentrée 2022, la possibilité d’une mise en place d’une différenciation des droits d’inscriptions nationaux du diplôme d’ingénieur, permettant un système progressif et redistributif, selon les revenus du foyer fiscal dont dépend l’étudiant.

Avec le concours de l’IGB et des CGB, le Groupe INSA invite donc à un travail collectif de consolidation d’une stratégie d’actions et de moyens, incluant des simulations de dispositifs de solidarité et de développement des conditions de formation pour tous. L’objectif est une analyse dans les conseils centraux des INSA puis avec la tutelle, en cohérence avec le calendrier Parcoursup 2022.

Romuald Boné, Directeur INSA Strasbourg
Mourad Boukhalfa, Directeur INSA Rouen
Armel de La Bourdonnaye, Directeur INSA Hauts-de-France
Frédéric Fotiadu, Directeur INSA Lyon
Nicolas Gascoin, Directeur INSA Centre Val de Loire
Abdellatif Miraoui, Directeur INSA Rennes
Bertrand Raquet, Directeur INSA Toulouse et Président du Groupe