Retrouvez ci-après des éléments de réponse proposés par le comité de pilotage “rénovation du modèle social”, suite aux questions qui ont été posées lors du webinaire, à l’occasion d’échanges avec les étudiants ou sur l’adresse mail modèle social.

  • Quelle est la définition de l’assignation sociale ?

En sciences sociales, l’assignation correspond aux rôles qui sont attribués à un groupe social en fonction des représentations majoritaires, c’est à dire en fonction d’une norme. Ce groupe social ou cette minorité doit se conformer au rôle qui lui est assigné sous peine d’être considéré comme sortant de la norme. Le terme est proche de celui d’injonction sociale.

La société française est fondée sur le principe de l’égalité de ses membres. La méritocratie, c’est à dire l’idéologie selon laquelle seuls les talents ou les efforts des individus peuvent justifier les inégalités, se heurte au constat que perdurent des différences ne relevant pas de ces critères et qui empêchent l’ascension sociale. Une partie de ces différences trouve son origine dans l’appartenance à un groupe ou statut social, on parle alors d’assignation sociale. Il existe aussi des processus d’assignation identitaire qui rattachent des individus à des catégories qui peuvent être ethno-raciales, de genre, mais aussi de religion, d’orientation sexuelle, voire liées au lieu de résidence, à l’âge ou à la situation de handicap. Les pénalités infligées en raison de l’assignation à une identité sont couramment désignées comme des discriminations.

  • Quelle est la définition de l’ascension sociale ?

On parle plus généralement de mobilité sociale qui peut être ascendante (= ascension sociale) ou descendante (= déclassement social). La mobilité sociale est mesurée en comparant les générations des parents (voire des grands-parents ou famille proche) et celles des enfants. Elle peut être abordée sous différents angles : la catégorie socio-professionnelle, les revenus, le patrimoine, le niveau de vie, le niveau d’éducation…
La mesure de cette mobilité sociale permet d’approcher les effets de transmission des inégalités sociales entre les parents et les enfants et les phénomènes d’assignation sociale.

Dans son rapport « France, Portrait social », Édition 2019, l’INSEE a choisi d’approcher les inégalités sociales sous l’angle de l’ascension sociale mesurée en comparant la catégorie socio-professionnelle (PCS) des individus à celle de leurs parents. L’ascension sociale se caractérise alors par le fait que la PCS d’un individu en activité professionnelle est supérieure à celle de ses parents. En réalité c’est plus complexe que cela puisque les situations professionnelles des parents et des enfants peuvent évidemment évoluer au cours du temps.

Nous avons également choisi d’utiliser l’angle des PCS pour mesurer l’ascension sociale des élèves à l’INSA d’autant plus que ce sont les seules données que nous avons et que les PCS des parents impactent fortement l’accès aux études supérieures des enfants. D’autres angles seraient possibles : revenus, patrimoine, niveau de vie…, mais nous ne disposons pas de ces données.

  • Quelle est la définition de l’Excellence académique et des « lycéens à fort potentiel intellectuel » ?

Grande question. L’excellence académique ou le « potentiel académique » ne peuvent s’évaluer qu’à partir de critères normés. Or la norme dans le système scolaire français est d’évaluer au travers de notes, elles-mêmes basées le plus souvent sur des connaissances et non sur des compétences. Il en est de même pour le processus de sélection du recrutement du Groupe INSA principalement basé sur les notes (même si des populations spécifiques peuvent être prises en compte). Ce système est socialement discriminant car il ne mesure pas les capacités intrinsèques (raisonnement, logique, capacités d’abstraction, d’observation, de créativité…) et les aptitudes (interactions avec les autres, intelligence émotionnelle…) de l’élève, capacités qui ne se reflètent pas forcément dans les notes mais qui lui donneraient le potentiel pour réussir des études d’ingénieur.

Donc la question fondamentale est : comment peut-on définir autrement et mesurer l’excellence et le potentiel d’un élève, susceptibles de lui permettre de réussir à l’INSA, moyennant des dispositifs d’accompagnement dans le cadre d’une politique d’équité ?